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Résumé :

Dans le contexte des menaces qui pèsent sur la filière ovine : disponibilité de la ressource du fait des changements climatiques, érosion de la ressource génétique ovine, disparition des savoirs ancestraux, nous proposons de suivre une démarche de « rétrovision », en forme de course contre la montre. Elle consistera dans un premier temps à rechercher les traces et usages du passé encore lisibles laissées dans le paysage, les mémoires, les gènes et les archives puis à puiser dans leur analyse croisée les éléments d’inspiration indispensables à l’anticipation de scénarios futurs. Pour dégager ces traces du passé, comprendre de quelles relations singulières elles sont le produit, et enfin apprécier le bénéfice pratique que la filière ovine pourrait en retirer, le projet va faire interagir des géographes, des historiens, des économistes, des anthropologues, des écologues et des généticiens en collaboration avec des professionnels de la filière. La rétrovision génétique aura pour double objectif : (a) d’étudier les bases moléculaires sous-tendant les remarquables capacités d’adaptation développées par les races locales ovines lesquelles présentent des capacités de résilience incomparables ; (b) de reconstituer l’histoire démographique des races françaises et leurs liens de parenté avec les races du pourtour méditerranéen. La rétrovision géographique s’intéressera à la gestion de l’eau en contexte pastoral : (a) Les territoires où l’homme a dû s’adapter à des conditions de vie âpres voire inhospitalières, en développant des modes de gestion de la ressource singuliers seront examinés avec la plus grande attention. On retrouve dans le paysage les traces de ces pratiques anciennes témoignant de la « co-évolution » entre humains et territoire ; (b) Dans une perspective économique plus récente, on étudiera aussi comment les filières se sont progressivement concentrées autour d’un nombre réduit de races. La rétrovision historique consistera : (a) à conduire une lecture comparée et critique des sources imprimées, archivistiques et documentaires actuellement dispersées, pour retracer l’histoire de certaines races de la région, ainsi que l’évolution des pratiques pastorales liées à l’eau ; (b) on envisagera aussi la problématique sous l’angle de l’Histoire du Droit et notamment de la réglementation qui a accompagné et quelquefois forcé les mutations observées dans l’abreuvage et la circulation des ovins depuis plus de deux cent ans. L’ensemble des résultats obtenus permettra d’ouvrir des discussions qui réuniront les acteurs locaux, ainsi que les chercheurs et des spécialistes de la gestion de la ressource en eau. Il s’agira d’élaborer conjointement des solutions, utilisant notre connaissance approfondie de la ressource, et ce, à la lumière de l’histoire du pastoralisme et des savoir-faire ancestraux, afin de relever le défi d’un élevage durable dans un contexte de bouleversements climatiques.

Chercheurs impliqués :

• Dominique Taurisson-Mouret (GEOLAB)
• Julien Dellier (GEOLAB)
• Edwige Garnier (GEOLAB)
• Marius Chevallier (GEOLAB)
• James Linton (GEOLAB)
• Anne Blondeau Da Silva (E2LIM)

Partenaires socio-économiques :

Limousin Nature Environnement, IDELE, Conservatoire des Races d’Aquitaine, Agence Régionale de la Biodiversité en Nouvelle-Aquitaine, FRCIVAM Limousin, Conservatoire des Espaces Naturels, EPIDOR, Agences de l’Eau Adour Garonne, PNR Millevaches, Association pour le pastoralisme de la Montagne limousine, Pôle Viande Locale (Bourganeuf), Chambre d’Agriculture.