Du 28 février au 3 mars 2023, Biarritz
Biosena a invité 23 doctorant·es de multiples disciplines à un séjour de travail, les Doctoriales de la Biodiversité 2023, faisant suite à l’édition 2022 au Teich. Le travail des doctorants était axé autour de problématiques du territoire, des cas pratiques concernant la préservation de la biodiversité, les services écosystémiques et la gouvernance environnementale. Les Doctoriales ont pour objectif la mise en lien des jeunes chercheur·es pour tisser le réseau académique régional, leur familiarisation avec la recherche-action, et leur rencontre du monde professionnel dans une perspective de réseau et de carrière.
Compte-rendu
Rapports des doctorant·es
Problématique de la Réserve Naturelle du Lilleau des Niges sur l’île de Ré : Comment concilier l’évolution du trait de côte et les différentes visions des acteurs locaux sur les choix en matière d’aménagement du territoire ?
Problématique des Mattes de Paladon : La renaturation des Mattes de Paladon : quelle acceptabilité pour le territoire dans les années à venir ?
Problématique du Bassin d’Arcachon : La réhabilitation des friches ostréicoles dans le domaine public maritime, un objectif partagé par les acteurs du territoire.
Lieu
L’événement était hébergé au domaine de Françon à Biarritz. Accessible en train, à seulement 18 minutes à pied de la gare de Biarritz, il a offert un accueil idéal pour un séjour de travail serein et productif.
Contenus
Les Doctoriales de la Biodiversité 2023 ont commencé par une inauguration, suivie de présentations entre doctorant·es de leurs recherches. Ensuite, les doctorants se sont attelés par groupes à des analyses interdisciplinaires de problématiques territoriales proposées par des acteurs socio-économiques de Nouvelle-Aquitaine. Des conférences ont ponctué le séjour, et des temps informels étaient réservés aux doctorant·es pour profiter pleinement de ce séjour, intellectuellement, personnellement, et professionnellement.
Planning
Mardi 28 février | |||
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12h00 | - | 12h30 | Accueil |
12h30 | - | 14h00 | Déjeuner |
14h00 | - | 14h30 | Composition des groupes de travail et présentation des sujets |
15h00 | - | 17h00 | Présentation des sujets de thèse |
17h00 | - | 18h00 | Découverte des sujets par groupes |
18h30 | - | 19h30 | Conférence de Christine Bouisset, professeure de géographie à l’UPPA, directrice adjointe de l’UMR TREE et spécialiste de géographie sociale des risques et de l’environnement. |
19h30 | - | 21h00 | Dîner |
Mercredi 1er mars | |||
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09h00 | - | 10h00 | Présentation des sujets par les acteurs du territoire |
10h00 | - | 12h30 | Travail de groupe |
12h30 | - | 14h00 | Déjeuner |
14h00 | - | 17h30 | Travail de groupe |
18h30 | - | 19h30 | Conférence en distanciel de Pierre-Henri Gouyon, professeur émérite au Muséum National d’Histoire Naturelle |
19h30 | - | 21h00 | Dîner |
Jeudi 2 mars | |||
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09h30 | - | 11h00 | Sortie terrain avec le Centre de la Mer |
12h30 | - | 14h00 | Déjeuner |
14h00 | - | 17h30 | Travail de groupe encadré par Maya Gonzalez et Marion Charbonneau |
18h30 | - | 19h30 | Conférence d’Agnès Michelot, juriste de l’environnement |
19h30 | - | 21h00 | Dîner |
Vendredi 3 mars | |||
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09h00 | - | 11h00 | Rendus des sujets |
11h00 | - | 11h30 | Retour du jury composé de Pascale Garcia, Marion Charbonneau, Maya Gonzalez et Agnès Michelot |
11h30 | - | 12h30 | Temps de déclusion |
12h30 | - | 14h00 | Déjeuner |
14h00 | Clôture et départs |
Analyse interdisciplinaire d'une problématique territoriale
Les doctorants ont apporté un diagnostic et des pistes pour répondre à une problématique proposée par des acteurs du territoire. Leur travail devait se focaliser sur trois points :
- Une reformulation et remise en contexte de la demande permettant de prendre du recul, de mieux comprendre la position des différents acteurs du territoire et les enjeux locaux du problème.
- La proposition d’un axe de travail ou de recherche allant dans le sens d’une solution au problème directement applicable par les acteurs proposant la problématique. Cette proposition doit être basée sur les contraintes réalistes de la situation étudiée. Il est préférable de mettre en avant une unique proposition et de l’argumenter plutôt que de lister de multiples options sans hiérarchisation.
- La proposition d’un ou plusieurs axes de travail ou de recherche apportant une perspective critique, un changement d’échelle, de paradigme. Ces propositions ne seront pas nécessairement directement applicables par les acteurs proposant la problématique, mais pourront néanmoins nourrir leurs projections et stratégies d’avenir, leurs rapports avec d’autres acteurs, ou leur manière de se représenter leur activité. Ces propositions seront à mettre en rapport avec la proposition de solution plus directe présentée précédemment.
Dans ces trois points, il était attendu de la part des doctorants un travail dans l’interdisciplinarité, croisant leurs expertises et non pas simplement les juxtaposant.
Format des rendus
Le travail était présenté le dernier jour des Doctoriales devant l’ensemble des participants, doctorants, chercheurs et acteurs du territoire en 15 minutes.
Les participant·es ont également rendu un rapport permettant de partager le travail accompli avec les acteurs concernés et les autres doctorants des Doctoriales, présents et futurs, et de le conserver pour future référence.
Sujets
Les problématiques de travail étaient proposées par des acteurs du territoire. Ils ont produit tous les documents nécessaires au travail des doctorants. Il est important de rappeler que les doctorants n’avaient que trois jours pour ce travail, incluant le temps de familiarisation à leurs disciplines respectives. Ainsi leurs rendus étaient avant tout des propositions critiques et non des solutions clés en main telles qu’issues d’un bureau d’étude.
Les problématiques proposées concernaient la biodiversité et les services écosystémiques sur le territoire de Nouvelle-Aquitaine. Chaque proposition avait été étudiée individuellement pour confirmer son adéquation avec les objectifs des Doctoriales et les 5 axes scientifiques de Biosena :
- État et évolution de la biodiversité
- Rôles de la biodiversité dans le fonctionnement des socio-écosystèmes
- Valeurs de la biodiversité dans les socio-écosystèmes
- Gouvernance et action publique : accompagnement des pratiques et compromis entre usages
- Perspectives d’intégration à la politique régionale
Le Domaine de Françon vers 1960. Nourycolbeck, CC-BY-NC-SA 2.0
Présentations des recherches des doctorant·es
Au début du séjour, les doctorants se sont présenté entre eux leurs travaux de recherche, en gardant en tête l’interdisciplinarité de l’exercice et la multiplicité des expertises représentées.
Afin de faciliter la discussion, ces présentations se sont faites en petits groupes, dans une dynamique de présentation de posters, durant 4 sessions de 30 minutes chacune.
Conférences
Une conférence scientifique a eu lieu chaque soir du séjour.
1. L’appropriation des enjeux de la transition environnementale dans un territoire : l’exemple du projet de recherche-action DéCiSiF (Décideurs et citoyens dans un contexte urbain de signaux faibles) à Pau.
Christine Bouisset, professeure de géographie à l’UPPA, directrice adjointe de l’UMR TREE et spécialiste de géographie sociale des risques et de l’environnement.
« L’objet du projet DéCiSiF était de travailler sur les freins et les leviers de la transition à l’échelle locale en prenant pour exemple un territoire “ordinaire” identifié par certains de ses acteurs comme ayant des difficultés à s’approprier les enjeux des changements globaux et de la transition parce qu’ils ne semblaient pas, au moins en apparence, avoir d’impact à l’échelle des individus. Le projet impliquait une équipe de l’université de Pau et des Pays de l’Adour, la communauté d’agglomération et deux partenaires associatifs : Ecocène et l’APESA. Nous faisions l’hypothèse que certains des freins à la prise en compte de la question environnementale et à la mise en œuvre de la transition tenaient à un défaut de mise en visibilité des enjeux locaux spécifiques au territoire et de leur articulation aux enjeux globaux. À partir de l’étude du cas de l’agglomération paloise, il s’agissait d’élaborer une approche et de tirer des enseignements transposables à d’autres territoires : (a) en recueillant des informations pour recenser, cartographier et rendre visibles les enjeux et les initiatives en faveur de la transition au niveau local, (b) en analysant les freins et les leviers à l’action à partir d’une enquête par entretiens auprès d’habitants, et (c) en conduisant des actions de médiation auprès du public et d’acteurs socio-économiques. »
2. Biodiversité et agriculture : recherche et engagement. En distanciel.
Pierre-Henri Gouyon, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle.
3. Une seule santé : quel rôle pour le droit ?
Agnès Michelot, juriste de l’environnement.
« Dans un contexte de pandémie en lien avec l’effondrement de la biodiversité et alors que les avancées de la science, notamment l’écologie, nous permettent de mieux comprendre les interdépendances entre les espèces et les individus qui les composent, la société civile s’interroge sur les instruments à mettre en œuvre pour protéger efficacement la santé. La vie fonctionne en réseaux et le lien est à présent établi entre la biodiversité et la santé du vivant dans toutes ses dimensions (santé humaine, végétale, animale). L’Organisation mondiale de la santé observe ainsi que l’augmentation de la pression humaine sur l’environnement naturel peut conduire à l’apparition de maladies. Cette prise en considération systémique de la santé émergente au niveau international sous l’appellation « one health« , traduite généralement par « une seule santé », ne trouve pas d’équivalent en droit français. Alors que le bloc de constitutionnalité garantit à tous la protection de la santé (Préambule de la Constitution de 1946) et que la Charte de l’environnement dispose que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé », la définition de la santé en lien avec l’environnement est absente des codes, notamment du code de la santé publique. Or, la loi nouvelle et la loi modifiée doivent toujours contribuer à « améliorer » la qualité de l’environnement comme le dispose l’article 2 de la Charte de l’environnement. Un principe juridique inscrit dans le Code de l’environnement ouvre cependant des perspectives pour prendre en compte dans toute prise de décision publique ayant une incidence notable sur l’environnement, les interactions des écosystèmes, des êtres vivants et des milieux naturels ou aménagés (article L 110-1-11). Il s’agit du principe de solidarité écologique. Ainsi la connaissance, la protection, la mise en valeur, la restauration, la remise en état, la gestion, la préservation de la capacité à évoluer et la sauvegarde des services issus des éléments qui composent le patrimoine commun de la nation, notamment la biodiversité, doivent « s’inspirer » du principe de solidarité écologique. »
Temps informels
Des temps étaient laissés aux doctorant·es pour interagir librement et se connaître, avec notamment une soirée détendue en introduction du séjour et une visite guidée de la côte biarrote avec l’association Le Centre de la Mer.
Logistique, coût et financement
Biosena prenait en charge l’intégralité des frais sur place : formation, restauration et hébergement. Le transport jusqu’à Biarritz n’était pas pris en charge.
La côte biarrote. Charlotte Rosenthal